Vacances : j'oublie tout ?


Dans Santé
Frédérique Siccard

Travail, école, pluie : pour beaucoup d'entre nous, autant de raisons de penser aux vacances... et à rien d'autre ! Oui mais, niveau santé, il est des détails à ne jamais négliger avant, pendant et après un voyage. Nous vous proposons un tour d'horizon, avec les docteurs Marie Hoyoux, pédiatre formée à la médecine tropicale et responsable de la Clinique du Voyageur de la Citadelle, et Philippe Léonard, spécialiste des maladies infectieuses et responsable du Centre de Médecine du Voyageur du CHU.

Les familles sont de plus en plus aventurières », constate le Docteur Hoyoux. « Elles veulent ouvrir leurs enfants à des cultures différentes ; certaines veulent parcourir le monde pendant un an avant la scolarité obligatoire de leurs enfants ; d’autres s’expatrient parce qu’un des parents change de travail ; d’autres encore, issues de l’immigration, veulent faire découvrir leurs racines à leurs enfants… »

Des désirs de voyage qui nécessitent des précautions. « La plupart des familles perçoivent de moins en moins les risques, sans doute parce que ceux-ci sont de plus en plus contrôlables. C’est souvent le vaccin contre la fièvre jaune, recommandé et/ou obligatoire dans bien des destinations, qui les amène chez nous. »

Vaccins : des visas pour la vie

Infection virale, transmise par un moustique, la fièvre jaune touche environ 200 000 personnes par an dans le monde, parmi lesquelles 30 000 décèdent.

« La fièvre jaune induit des déficiences multi systémiques : hépatiques, neurologiques, cardiaques, digestives », indique le Dr Hoyoux. « Le vaccin est efficace et sûr, lorsqu'il n'existe pas de contre-indications à son administration. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande une seule injection pour la vie, l’Institut de Médecine tropicale d’Anvers recommande pour sa part un rappel : en fonction du moment où on le reçoit, le corps y répond plus ou moins bien, et l’on est plus ou moins protégé. Les cliniques du voyageur en Belgique suivent cette recommandation. »

Indispensable aussi, le vaccin contre la polio, qui est encore présente, par exemple, en Afghanistan, au Pakistan, en République Démocratique du Congo, au Malawi, au Mozambique et à Madagascar. Dans ce cas, un rappel après l’âge de 16 ans suffira à protéger le voyageur à vie.

Que retenir selon la destination ?

Le Dr Philippe Léonard mentionne également d’autres vaccins : le vaccin contre la méningite à méningocoque, obligatoire pour les pèlerins de La Mecque et recommandé pour certains voyageurs à destination de l’Ouest de l’Afrique et de zones sahéliennes ; le vaccin contre la fièvre typhoïde pour les amoureux du sous-continent indien et également de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et de l’Asie selon les conditions du voyage ; le vaccin contre l’encéphalite japonaise, qui sévit du Japon à l’Inde, et dans le nord-est de l’Australie ; mais aussi les vaccins contre les hépatites A et B et contre la rage.

« Le vaccin contre la rage en particulier facilite la prise en charge ultérieure », ajoute le Dr Léonard. « Si vous êtes mordu, par un singe, un chien ou une chauve-souris, et que vous n’êtes pas vacciné, il s’agira de recevoir très vite des immunoglobulines et 4 à 5 doses de vaccin, en fonction des schémas nationaux. Si vous êtes vacciné, en revanche, 2 nouvelles injections de vaccin suffiront à 3 jours d’intervalle. Autour de Bangkok, par exemple, on considère que 10 % des chiens sont porteurs. Or, un accident est très vite arrivé. »

La meilleure façon de lutter

Fièvre jaune, dengue, Zika, chikungunya, malaria : autant de maladies virales transmises par des moustiques, diurnes ou nocturnes selon les affections.

« Dans tous les cas, la meilleure protection est la prévention des piqûres », rappelle Philippe Léonard (voir encadré). « En ce qui concerne la malaria, on administre aussi un traitement médical préventif, à entamer avant le départ, à continuer pendant le voyage et à poursuivre au retour, pour une durée variable selon la chimioprophylaxie1 choisie. On surveillera les accès de fièvre jusqu’à 6 mois après le retour. »

« Tout-petits, les bébés doivent être protégés contre la malaria et, dès qu’ils atteignent 5 kilos, ils peuvent recevoir un médicment préventif », ajoute le Dr Hoyoux. « Un bébé n’est jamais trop petit pour être vu dans nos services. »

Elle précise également : « On meurt de la malaria. C’est une arme de destruction massive, l’une des préoccupations majeures de l’OMS. »

Vacances : une envie d'aventures

Protéger les plus vulnérables

Face à la plupart des maladies tropicales, comme face à la célèbre tourista, les plus exposés sont les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et les seniors.

« Les enfants jouent dans la nature et, de manière générale, dans leur environnement ; ils vont davantage vers les autres, vers les animaux, et sont plus vulnérables au soleil ou à la malaria », précise le Dr Hoyoux.

On veillera donc, davantage encore en ce qui les concerne, à respecter des mesures simples en matière d’hygiène et d’alimentation : se laver les mains, éviter l’eau du robinet, privilégier les boissons en bouteilles fermées, veiller à la cuisson des aliments.

Et l'altitude ?

La cordillère des Andes, le Kilimandjaro, la chaîne de l’Himalaya… Autant de noms qui vous font rêver ? Pensez tout de même au mal de l’altitude.

« On ignore qui il va toucher. Ceux qui naissent en altitude s’en accommodent, et tous ceux qui grimpent n’en sont pas forcément victimes. Mais un patient atteint peut développer deux formes sévères : l’œdème pulmonaire et l’œdème cérébral », souligne le Dr Léonard.

Deux précautions valent mieux qu’une. L’une est un traitement préventif et l’autre… la patience.

« Il est absolument nécessaire de monter par paliers, de manière extrêmement codifiée. En revanche, je déconseille absolument d’adopter les habitudes des locaux, en mâchant des feuilles de coca ou de qat. Si on évite de manger des crudités et des fruits non épluchés, ce n’est pas pour consommer des feuilles qui passent de main en main, et dont on ignore où elles ont poussé ! » précise le docteur.

Un voyage(ur) n'est pas l'autre

« Les gens que nous recevons ne viennent pas nous voir parce qu’ils ont un problème, mais parce qu’ils ont un rêve, un projet positif. Nous les accompagnons, nous balisons leur séjour, nous attirons leur attention sur certaines choses », conclut le Docteur Hoyoux.

Les réactions et besoins varient d’un patient à l’autre, mieux vaut donc toujours, avant d’entamer un périple, se tourner vers son médecin traitant ou référent.


[1] En pathologie infectieuse, la chimioprophylaxie correspond à un usage préventif de médicaments anti-infectieux, antibiotiques ou non.

 

Voyage : gare aux fake news

En matière de voyages, chacun a toujours un conseil à donner, du lieu à ne pas manquer aux précautions à prendre en termes de santé. Voici 3 affirmations répandues… et auxquelles il vaut mieux ne pas se fier !

« Tu es originaire d’une zone où la malaria est endémique, donc tu es immunisé. »

Faux ! Les personnes qui ont vécu dans une région où la malaria sévit la voient comme quelque chose de classique, l’équivalent d’une grippe chez nous. Quand elles ont été extraites de leur milieu pendant plusieurs mois ou années, pour poursuivre des études à l’étranger par exemple, il arrive qu’elles repartent dans cette région en ignorant qu’elles ont perdu leur immunité. En négligeant de se protéger, ces personnes s’exposent à des épisodes de malaria sévères, et font partie des patients qu’on retrouve ensuite aux soins intensifs.

« Il vaut mieux acheter des répulsifs dans les régions tropicales : là-bas, forcément, ils savent ce qui fonctionne. »

Faux ! Comme on ignore généralement l’origine et la composition des produits vendus à l’autre bout du monde, mieux vaut les éviter. Non seulement ils sont parfois inefficaces, mais ils peuvent s’avérer toxiques et provoquer, au minimum, une réaction allergique ou un eczéma. Fiez-vous à votre médecin traitant, qui vous conseillera généralement un produit à base de DEET, le répulsif anti-moustique recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

« Une cure de vitamines B avant le départ permet d’éviter les piqûres de moustiques. »

Faux ! Privilégiez toujours les répulsifs, portez des vêtements couvrants et dormez sous une moustiquaire, imprégnée si possible.


Site utile : wanda.be

Le site wanda.be propose de nombreuses informations concernant les risques sanitaires et les conseils de vaccinations par pays, basés sur les recommandations belges en matière de médecine du voyage.

Vous y trouverez également des informations concernant les mesures préventives ou la pharmacie de voyage idéale.

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